Affaire Seznec : La piste de Lormaye

Pierre Quémeneur a-t-il été assassiné par Guillaume Seznec à Lormaye ?

Les Quemin connaissaient-ils Quemeneur ?

 

 

 

 

 

 

Les Quemin connaissaient-ils Pierre Quemeneur ?

 

Il ne faut pas oublier un élément essentiel :

QUEMENEUR avait été marchand de bestiaux.

Pierre BIGARD, de CHAUDON, à qui je vais poser la question en 1992, va me répondre : « Bien sûr, qu’ils se rencontraient à La Villette. C’est là que tous les maquignons allaient faire abattre leurs bêtes ! Et des fêtes, ils ne manquaient pas d’en faire… »

 

QUEMENEUR, célibataire, était un joyeux luron. Et quand il « montait à la capitale, il ne devait pas manquer de fréquenter des bordels de luxe.

QUEMIN Fils était un homme à femmes. Il avait 26 ans en 1923. Mais il avait déjà sacrément vécu. C’était un jouisseur à tout crin.

Et puis… C’était la mode à l’époque de se retrouver dans ce genre de clubs feutrés avec des dames sur les genoux….

 

Charles HUZO écrit, dans « l’ère nouvelle » du 25 août 1928 :

« M. X…. prié, ici, de s’expliquer sur ses relations avec M. QUEMENEUR a dit, naturellement, ne l’avoir jamais vu, au cours de ses tournées.

Cependant, hier, à Dreux, j’ai pu voir M. A…. , marchand de bestiaux, familier de M. X…. sur les marchés qui a trouvé la blague formidable.

« Comment ! m’a-t-il dit, M. X…. ose nier ! Il est vrai qu’il nierait avoir eu un père s’il le pouvait ! Moi, comme tous mes collègues, connaissions M. QUEMENEUR quand il faisait les bestiaux, pour nous être rencontrés très souvent, dans nos marchés de Bretagne et de Normandie ! Prenez n’importe quel marchand de l’arrondissement, les vieux, bien entendu, tous vous répondront comme moi !…

Alors M. X…. a connu M. QUEMENEUR. »

 

Ont-ils eu des relations commerciales ?

Un mystérieux convoi de bestiaux serait parti de la gare de Nogent pour le Finistère chez QUEMENEUR. La page du registre où ce convoi était consigné semble être partie elle aussi !

 

QUEMENEUR connaissait bien DREUX. La preuve, on la trouve dans le livre de Denis LANGLOIS « L’Affaire SEZNEC » en page 65 :

« - Bon, on commence (c’est BONNY qui parle). Vous êtes dans votre Cadillac. Vous arrivez à Dreux. C’est QUEMENEUR qui conduit. Il est quelle heure ?

Tu as fait un effort pour retrouver tes esprits.

- 16 heures, 16 h 30. QUEMENEUR m’a dit qu’il connaissait un garagiste, M.HODEY, qui pourrait réparer la voiture.

- Exact. Sur la gauche, Grand Garage HODEY, rue d’Orfeuil. »

 

 

Les marchands de bestiaux de la France entière se connaissaient entre eux. Lors de son premier mariage avec Louise Percebois, Jean Quemin a pour témoin un certain Edmond Piedplus, marchand de bestiaux de Versailles.

 

Le 11 septembre 2006, Denis Seznec m’e téléphone d’urgence pour que je rencontre Madame Simone Martin à Raizeux (entre Epernon et Mittainville). J’y vais le 12 en tout début d’après-midi. Extraits :

 

« Ce « Quemin » venait au Pâtis de Mittainville avec Monsieur Quemeneur. Mon père les a connus !!!!!!! Mon père et d’autres personnes… Mon père les a connus

L.L. : C’est pas possible, ça ? Avec Quemeneur ?

S.M. : Oui, il venait avec Quemeneur et je vais vous dire chez qui. Je vais vous dire chez qui.

L.L. : C’est intéressant ça. Effectivement, là je vais tomber de ma chaise

S.M. : ça, je vous l’affirme, ça je vous l’affirme. Il était très ami avec Monsieur Quemeneur, chose étrange.

L.L. : Il venait au Pâtis ? Et pourquoi faire ?

S.M. : Il venait chez un ami de Quemin qui s’appelait Ovide Huet, le père de Madeleine. Je l’ai connu, quand j’étais gamine cet homme-là.

L.L. : Ovide Huet, le père de Madeleine, bien évidemment, la fiancée, puis la femme de Jean-Louis…

S.M. : Alors, il fréquentait ces gens-là. Ovide Huet passait pour un notable, c’était un homme qui était riche, qui avait une employée de maison, il avait du personnel qui travaillait dans une ferme. Lui, il n’habitait pas la ferme, une grande ferme assez ancienne, pas très loin de chez lui. Lui, il habitait une maison, il avait juste la porte sur la rue. »

 

Lire la retranscription intégrale de l'interview sur : Affaire Seznec : la piste de Lormaye : Quand Simone Martin parle de Pierre Quemeneur

 

Cela me semble assez cohérent. Jean-Louis Quemin a épousé Madeleine Huet en juillet 1922….

 

Bon, alors, plus tard, en 1950, je me suis mariée avec Paul Martin et nous sommes allées travailler ensemble chez des particuliers et nous avons été engagés le 1er janvier 1951 : Monsieur et Madame Gaston Mouny à Fontaine le Port, en Seine-et-Marne.

Alors, ce Monsieur Mouny faisait le commerce des chevaux à Vaugirard et il allait chaque jour (c’était un Monsieur très important, Monsieur Mouny, parce que pendant la guerre, il avait 16 boucheries chevalines qui fournissaient l’Assistance Publique). Il était très très connu. Il était aussi riche que radin d’ailleurs.

Alors, avec ce Monsieur Mouny, comme la France entière en parlait, un jour, je lui ai parlé de « L’Affaire Seznec », alors il me dit : « J’ai connu Quemeneur et Quemin aux Abattoirs de Vaugirard, aux écuries…. »

L.L. : Alors, ça, c’est extraordinaire ce que vous me dites, car personne ne me croit quand je dis qu’ils se connaissaient….

Donc ça, c’est vachement important, c’est la preuve qu’ils se connaissaient.

S.M. : Alors l’ami de Monsieur Quemeneur, Monsieur Quemin, il était très mal vu aux Abattoirs parce qu’il avait commis un vol, il était surnommé « La Sacoche ».

Comme c’est un milieu qui était très fermé aussi… Oui, oui, tous les deux, ça je vous assure, Monsieur Mouny les a connus TOUS LES DEUX. Je vous le dis, je lui ai parlé incidemment de « L’Affaire Seznec », mais quel Français n’en parlait pas de « L’Affaire Seznec », et c’est là que Monsieur Mouny m’a répondu ça qu’il les avait connus aux Abattoirs. Je vous jure que c’est vrai.

Monsieur Mouny, il allait tous les jours aux Abattoirs, il désignait d’abord tel et tel cheval, puis il allait aux Abattoirs, faut pas avoir de coeur ! Après il est venu habiter à Epernon, au Château des Tourelles, qui est devenu la Mairie, d’ailleurs.

Nous sommes retournés travailler chez lui, ça devait être en 1958/1959. Sa femme est décédée ici, mais lui, il est décédé dans son appartement à Paris, avenue Charles Floquet…

L.L. : Ah oui ! Il habitait avenue Charles Floquet, il était vraiment pas fauché, alors…

S.M. : Tous ces malheureux chevaux qu’il a fait assassiner !!!! Enfin je peux pas vous en dire davantage….

L.L. : Reprenons : Monsieur Mouny, vous me le certifiez, qu’il voyait Quemin ET Quemeneur…

S.M. : Ah bah oui ! Monsieur Mouny les voyaient aux écuries et aux Abattoirs, Monsieur Mouny, il y allait tous les jours, il désignait tel et tel cheval, c’est abominable ils ont pas de sentiments, ces gens-là…

L.L. : Il vous a dit « Moi je les ai vus… »

S.M. : Il n’y avait pas que lui qui les connaissaient, il y en avait d’autres qui les connaissaient.

L.L. : C’est étonnant car nous, à Nogent-le-Roi, on recherche toujours une fiche d’expédition d’un wagon de chevaux de Quemin à Quemeneur. Disparue, la fiche !!!

S.M. : Aux Abattoirs, ils disaient que c’était Quemin qui avait assassiné Quemeneur. Aux Abattoirs. Tout le monde en était convaincu. Oui, Monsieur Mouny m’a dit ça, je vous assure, qu’il m’a dit ça… Mais c’est un milieu fermé….

L.L. : Si je comprends bien toute votre version, si on reprend bien depuis le début, non seulement vous affirmez que par Monsieur Mouny vous avez entendu que Quemin et Quemeneur se fréquentaient, donc là, on a une preuve orale…

S.M. : ça, je vous l’assure. (…)

 

En tout cas, je vous le redis, Quemeneur et Quemin venaient tous deux chez Ovide Huet. Mon père les connaissait tous les deux. Ils se retrouvaient aussi aux Abattoirs de Vaugirard. Monsieur Mouny, il les a vus, il les connaissait.

Alors, Quemeneur, non seulement il connaissait Quemin, mais il connaissait aussi le coin puisqu’il venait au Pâtis Mittainville"

 

Denis Seznec reprendra cette interview en résumé dans l’édition de son livre qui sera publié le 14 décembre 2006.

 

En juin 2010, une ancienne Lormaisienne, qui ne veut surtout pas être nommée, confiera : « C’était une histoire de femmes entre Jean-Louis Quemin et Pierre Quemeneur. Leur grande dispute vient de là…. »

Si l’on en croit Madame Simone Martin, Pierre Quemeneur venait bien souvent chez Ovide Huet, le père de Madeleine que Jean-Louis épouse en 1922.

Elle était certes riche, Madeleine. Mais était-elle jolie ? Et aurait-elle séduit à la fois le conseiller général et le marchand de bestiaux ?

 

Ou Ovide Huet était-il tout simplement en relations d’affaires (il devait posséder de nombreux bois dans la région) avec Pierre Quemeneur ? Qui parcourait France et Navarre pour son commerce.

 

Madeleine Huet et Jean-Louis Quemin :

deux mairies différentes, deux départements différents,

aucune mention de divorce entre leurs deux mariages..........

 

MADELEINE-HUET-ETAT-CIVIL.jpg

 

ETAT CIVIL MADELEINE HUET

 

JEAN-LOUIS-QUEMIN-ETAT-CIVIL.jpg

ETAT CIVIL JEAN-LOUIS QUEMIN

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