Affaire Seznec : La piste de Lormaye

Pierre Quémeneur a-t-il été assassiné par Guillaume Seznec à Lormaye ?

Affaire Seznec : la piste de Lormaye : qui était l'ami Charles Huzo ?

 

 

 

 

 

 

« Le Talmud dit que chacun doit faire deux choses pour soi même.

La première est de se trouver un maître.

La seconde est de se choisir un ami. »

Chaïm Potok (L'élu)

 

 

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Mine de rien, avec son étrange nom d'apéro grec, cela va faire 20 ans qu'il est entré dans ma vie ! Il avait quitté "la piste de Lormaye" fin 1928. Je devais la reprendre début octobre 1992. Je n'avais que ses écrits comme références. Et là où il est, il peut se dire que je suis certainement celle qui a le plus lu, analysé, cité, trituré tous ses mots.

 

Je ne savais rien de lui. Ou si peu. Journaliste à la pige ? Critique littéraire ? Ecrivain ? Franc-maçon ? Parisien ? Né le ? à ? Mort le second semestre de 1931 (sans doute ?)

 

Et puis voilà que cet été, dans le livre, acheté chez le mari de NKM, "Jane Seznec, notre bagne" de Claude Sylvane, je tombe sur un passage où Jeanne parle de Marie-Jeanne, sa maman, en page 123 :

 

"Je la vois encore, si lasse après ces rudes journées qui s'achevaient tard le soir, vers 9 ou 10 heures, s'habillant et partant dans cette rue perdue du côté de la porte de Versailles, vers le seul espoir qu'elle eut à Paris : M. et Mme Huzo.

M. Huzo était journaliste. Il avait pris la défense de mon père dans des articles qu'avaient reproduits toute la presse bretonne, articles que quelques années plus tard, l'ancien juge Victor Hervé devait reprendre dans une autre campagne.

Que de fois, j'ai vu ma pauvre mère exténuée, s'arrêter au milieu d'un des six étages qui conduisaient à l'appartement de M. Huzo et qu'elle gravissait comme on monte un calvaire ! Elle restait à la porte, quelques instants avant de sonner, pour qu'on ne voit pas sa pâleur. Elle cherchait avec M. et Mme Huzo tout ce qui pourrait intervenir en faveur de mon père et elle redescendait avec un espoir qui l'aidait à vivre encore un peu."

 

Lisez attentivement le document (Gallica) ci-dessous :

 

HUZO ANNUAIRE GENERAL DES LETTRES 1931

Annuaire Général des Lettres 1931

 

 

Tout s'éclaire. On a du moins un lieu : en 1931, Charles Huzo habitait 65, rue Vasco-de-Gama (Paris 15e). A deux pas de la porte de Versailles.

Ce que vous pouvez vérifier en cliquant ci-dessous :

 

link

 

 

Depuis hier, pour avoir feuilleté une à une toutes les pages du livre "Seznec, le bagne" de Denis Seznec, j'ai appris en plus qu'il était père.

 

Voilà le début d'une lettre adressé à Guillaume, au bagne, le 28 août 1930 (page 203) :

 

"Mon cher Monsieur,

Parti vers la fin juillet en un coin de la Touraine pour y passer un mois de vacances en compagnie de ma femme et de mes deux bébés..."

 

Il s'humanise un peu ce vieux Charles !

 

Et on le retrouve au 6, rue Larrey, Paris Ve (pas de hasard, nous avons habité au 20 !) dans l'Annuaire Général des Lettres 1933 - 1934 :

 

Image à venir...

 

Mais en attendant, lire sur : link

 

 

Il est important, Charles Huzo. Très important. Parce qu'il faut bien vous dire que s'il a été l'instigateur (l'enquêteur ?) de la piste de Lormaye, il a surtout été un grand ami pour les Seznec. C'est lui qui donne des nouvelles de sa famille à Guillaume. C'est lui qui apprend à Guillaume la mort de Marie, sa fille aînée, puis celle de Marie-Jeanne, sa femme.

 

Un ami sûr. Et un ami, on en a peu et ça n'a pas de prix...

 

Au sujet duquel certains medias et certains juristes se sont permis de ricaner. Je répète à voix haute et j'épelle pour les sourds : un ami sûr !

 

 

SYMBOLE DE LA JUSTICE

 

 

 

S'il n'a pas été un élève avec la moyenne en Exactitude sur la piste de Lormaye, l'ami Charles s'en prend plein la tête par Me Maurice Garçon, le samedi 22 décembre 1928, lors du procès avec les Quemin :

Lire : Le procès des Quemin : décembre 1928

 

Et c'est lui qui trinque (le journal L'Action Républicaine, qui avait envoyé son premier article dès fin juillet,  est curieusement exonéré de toutes critiques ou procès) encore lors du rendu du jugement.

Lire : Affaire Seznec : Lormaye : 1929 : Jugement du procès Quemin

 

 

On le retrouve encore cité, en des termes peu flatteurs, au sujet du coup de téléphone passé (ou non) par Pierre Quemeneur du restaurant "Le Plat d'Etain" dans les Attendus de la Cour de Cassation du 14 décembre 2006 :

 

"Attendu que, s'il est vrai qu'il constituerait un fait nouveau, ni les témoins ni l'inculpé n'en ayant fait état, cet appel téléphonique, dont l'existence est avancée pour la première fois, en 1930, par un certain Charles Huzo, se présentant comme homme de lettres, n'est étayé par aucun élément objectif et demeure à l'état de pure allégation ;"

 

 

Avec un tel acharnement de la justice, et, sans tomber dans aucune paranoïa, on finit par se demander s'il ne gênait pas quelque peu la circulation l'ami Charles Huzo....

 

 

 

http://us.123rf.com/400wm/400/400/pelvidge/pelvidge0804/pelvidge080400074/2858918-mains-de-l-39-amitie.jpg  

 

 

 

Il n'était pas important, me chante-t-on. Qu'est-ce qui fait l'importance d'un être ? Sa richesse, sa notoriété ou sa loyauté ? Charles Huzo, lui, n'était peut-être pas célèbre, mais il était loyal. Il a vécu intensément son amitié pour la famille Seznec.

 

Il ne s'est pas contenté d'écrire de nombreuses lettres à Guillaume, pendant son séjour au bagne (tiens, c'est vrai, j'aurais aimé les voir ou qu'on me les photocopie pour le moins ces lettres-là !) il a aussi aidé à tout et en tout. Il servait d'ailleurs de boîte à lettres pour le courrier de Guillaume à Marie-Jeanne "Réponds-moi toujours chez M. Huzo." (Le bagne, page 212)

 

Denis Seznec reproduit l'une des ces lettres, qui n'a besoin d'aucuns commentaires, dans son ouvrage (édition 2006) en page 338 :

 

"Mon pauvre ami,

Hier lundi, nous avons eu la douleur d'accompagner Mme Seznec votre épouse à sa dernière demeure. Je ne pensais jamais que celle que rien ne rebutait, que rien n'arrêtait dans la défense de votre cause, devait si tôt être emportée dans la tombe.

Le 7 mai, jour où j'allai à l'hôpital Beaujon lui rendre visite, je la trouvai bien affaiblie, mais gardant néanmoins sa connaissance. "Je vais mourir, Monsieur Huzo, me dit-elle. N'oubliez pas mon mari et mes enfants."

Jeudi 14 mai 1931, jour de l'Ascension, vers 3 heures de l'après-midi, elle rendait son âme à Dieu.

Je télégraphiai immédiatement à Morlaix. Votre mère m'écrivit aussitôt d'une main tremblante, en me priant de la faire enterrer convenablement, se chargeant des frais des obsèques. Votre soeur et votre nièce (NDLR Marianne Petitcolas et Marie Gadal) me faisaient savoir qu'elles étaient parties dans le Midi après la mort de votre beau-frère Petitcolas, survenue elle aussi récemment (NDLR Attention : Emile est mort en janvier 1928 !)

J'essayai de joindre par ailleurs le plus de monde possible. Votre beau-frère, M. Marc, chef de gare, accompagné de sa femme a suivi le cercueil jusqu'au cimetière.

Votre fils marin arriva à temps, ainsi que votre plus jeune Albert. Seule Jeannette, qui il y a un mois environ avait dû quitter sa mère pour s'employer à Jersey, chez une amie de la supérieure du couvent, ne put être prévenue à temps. J'y étais avec quelques amis. Ainsi votre épouse fut accompagnée convenablement jusqu'à sa tombe. On l'enterra au cimetière de Saint-Ouen."

 

 

Et juste là, on me glisse dans l'oreillette gauche : "Le papier sur les deux beaufs de Seznec, Pierre et Charles Marc, c'est pour quand ?"

 

Je ne suis pas - comme Cabu - une grande spécialiste des beaufs. Mais c'est vrai que l'on sait trop peu de choses sur ces deux personnages. Ce qui amène à se questionner, à défaut de pouvoir y répondre... Dans l'instant...

 

Liliane Langellier


 

http://c.imdoc.fr/1/divers/magie-foret/photo/1697893169/15291166c80/magie-foret-mystere-img.jpg Le brouillard épaissit le mystère !

 

 

P.S. du dimanche matin : Guillaume écrivait à sa femme. A part la fameuse lettre "Adieu et adieu ! Au ciel" reproduite en page 306 du livre de Denis Seznec. Et celle du 15 septembre 1928 écrite de Guyane hollandaise (?) en page 322. Je n'en connais guère d'autres mais je ne demande qu'à connaître...

 

P.S. 2 du dimanche après-midi : J'ai décidé de relire la première édition de "Nous, les Seznec". Comme il y a vingt ans. Enfin... presque... En page 64, je lis :

"Ecrivain et journaliste, Huzo s'était passionné pour la cause, enquêtant lui-même et multipliant les articles, les débats, les conférences. Lui et sa femme avaient énormément soutenu Marie-Jeanne dans ses incessantes démarches. C'était lui, l'inconnu qui souriait près d'elle, sur une photo triste."

Ainsi, je suis au moins sûre qu'il existe UNE photo de Huzo. Que je ne verrai sans doute jamais...

 

P.S.3 Vendredi 25 janvier 2013 : je viens de trouver sur Gallica, un article dans le journal "Le Combat Républicain" d'octobre 1925 où Charles Huzo nous dit être né dans le département d'Oran.

Lire : link

 

J'ai également trouvé une critique peu aimable de son livre "Yolande" (Editions des Lettres Françaises, 1923) dans une petite revue "Le domaine" de l'année 1924. Vous pourrez la lire ici : link

 


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T
<br /> Je plussoie : à quand un article sur les autres beaux-frères !!<br />
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