16 Janvier 2015
"But hate is not our strong suit. Humor is."
Robert Mankoff in The New Yorker
Il paraît que « quand on cherche, on trouve »…
Quand on cherche quelqu’un, on le trouve aussi. Cette phrase est valable au sens propre comme au sens figuré.
Il y a un personnage dans notre pièce de théâtre qui est resté un peu trop longtemps en coulisses..
Alors, on va lui filer un petit coup de projecteur.
Histoire de voir.
Le 2 juin au matin, notre pote Guillaume nous raconte qu’il avait rendez-vous avec un avocat parisien, Maître Joseph Gautier.
A part savoir qu’il habite au 51, rue Vivienne (Quartier de La Bourse, à Paris). Et que notre héros serait allé le voir pour un différend avec un avoué de Morlaix, Me Croissant….
C’est pas grand-chose en effet.
Sauf que, quand même, le Gautier en question, il est venu témoigner au procès de Quimper. Parce que Vidal, ça ne lui avait pas échappé tout ça. Enfin Achille Vidal, rappelez-vous….
Alors on a repris notre bâton de pèlerin, l’ami Thierry et moi. Histoire de voir ce que l’on pouvait bien grignoter de ci de là….
Il faut le dire, ici, quand on effectue des recherches, les Registres Matricules, c'est une véritable mine...
Vous trouverez donc le sien dans les documents juste en-dessous.
Son R.M. nous apprend ainsi que Joseph est né le 19 février 1858 à Tarascon dans les Bouches-du-Rhône.
C'est fou ce qu'il peut y avoir comme gens du midi pour une affaire qui se déroule en Bretagne...
il a fait son droit à Aix et a été inscrit au barreau de Marseille.
Il nous apprend également qu'il est condamné en 1896 à 1 an de prison pour abus de confiance, réhabilité en 1900 puis condamné en appel à 25 francs d’amende et 2 mois de prison en 1902.
J'oubliais le plus important.
Quand il n'escroque pas son prochain, il est poète, notre Joseph.
Il est surtout le mari d'une très grande poétesse de langue occitane, Brémonde de Tarascon.
"En 1886, à Fontvieille, elle épousa Joseph Gautier, qui exerçait la profession d’avocat, mais aussi celle de poète. Quelques années plus tard, ses parents divorcèrent, un événement qui bouleversa Alexandrine."
Après recherches, le mariage a eu lieu le 24 novembre 1886 à Tarascon.
"En 1894, elle donna naissance à une fille, Marthe Gautier qui devait plus tard devenir médecin-inspecteur à la Préfecture de police de Paris."
La Préfecture de Paris ???? Le monde est petit, quand même.
(ndlr Donc Marthe Gautier était déjà médecin-inspecteur à la Préfecture de police de Paris en 1924... et Marlier, avant d'être nommé à la sûreté en 1923, a passé 2 ans à la préfecture de police de Paris comme directeur du cabinet du préfet... Coïncidence ???)
Brémonde/Alexandrine meurt le 22 juin 1898.
Joseph Gautier avait déjà bien commencé, mais, là, il enfile les escroqueries, les abus de confiance, les chantages, comme d'autres enfilent les perles...
"En 1913, deux mandats d'amener de M. le juge d'instruction Magnien, de Paris et d'un troisième mandat du parquet d'Evreux..."
En 1920, avec deux autres lascars, Douche et Peyssel, et la complicité d'un imprimeur, il font fabriquer 1.500 titres au porteur. Et arrivent à escroquer trois sociétés financières (cf articles du Petit Parisien et du Figaro du 9 juillet 1920 reproduits ci-dessous)
L'affaire Douche Peyssel Gautier de juillet 1920 a été reprise dans Le Figaro, le Journal des débats politiques et littéraires, La Lanterne, Le Gaulois, Le Journal, Le Matin, Le Radical...
Et le Gautier passe une annonce en tant qu'avocat dans Ouest-Éclair de juillet 1921, soit un an plus tard. (cf articles ci-dessous)
Marthe Joséphine Gautier née le 15 juin 1894 à Marseille (13), décédée le 26 juillet 1962 à Cenon (33).
Notre gars Gautier était bien connu de la Sûreté Générale.... In Le Petit Parisien du 24 avril 1913.